Messages : 792 Points : 1288 Réputation : 38 Date d'inscription : 17/03/2015 Age : 51 Localisation : Où ça ?
Sujet: Indonésie : Le pays du massacre silencieux Mar 27 Oct - 4:36
Indonésie : Le pays du massacre silencieux
Tensions entre chrétiens et musulmans Aceh, province du nord-ouest de l’île de Sumatra, connaît un nouveau regain de violences depuis lundi 19 octobre 2015. Des affrontements entre chrétiens et musulmans ont éclaté après la destruction d’une église.
Arguant des absences de permis de construire, les autorités locales ont passé un accord avec les responsables catholiques, la semaine dernière, pour la destruction de dix lieux de culte. À la suite de cet accord, des jeunes, répondant à l’appel d’une association étudiante musulmane, se sont rassemblées et ont incendié une église protestante. Des affrontements entre chrétiens et musulmans ont éclaté, faisant un mort et des blessés.
Néanmoins, cette violence est à mettre au compte d’extrémiste, car « l’islam se pratique de manière paisible dans cette région » souligne Régis Anouilh, rédacteur en chef d’Eglise d’Asie.
Pour comprendre la situation actuelle, il faut savoir qu’Aceh est une province un peu unique en Indonésie puisqu’elle est autonome. Composée à 98 % de musulmans et 1 % de catholiques, si on ne peut parler de persécutions, il faut souligner toutefois que la liberté religieuse est un point noir dans la province.
En cause, un accord de 1979 qui limite la construction de lieu de culte chrétien comme nous l’explique Régis Anouilh « cet accord veut que chaque district, une trentaine, soit limité à une église et quatre chapelles qu’elle soit protestante ou catholique ».
Problème, l’obtention d’un permis de construire, en bonne et due forme, est difficile pour les minorités chrétiennes. Depuis 2006, un décret les limite et lorsqu’ils sont délivrés, les tribunaux peinent à les appliquer. Régi par la charia, l’appareil judiciaire se soumet à la majorité musulmane.
« Il suffit que quelques musulmans extrémistes tapent du poing pour geler le processus d’obtention » explique le rédacteur en chef d’Eglise d’Asie, « les violences de ces derniers jours sont dommageables d’ailleurs ».
Des violences dénoncées par des responsables musulmans, le président du MUI (Conseil des oulémas d’Indonésie) a demandé aux musulmans d’Aceh de laisser les autorités régler le problème. Sept églises seront détruites par les forces de l’ordre indonésiennes dans les prochains jours.
8 000 chrétiens en fuite
Photo : Refuge provisoire pour cette famille chrétienne en fuite. Des extrémistes islamiques détruisent les églises de la province d’Aceh, provoquant l’exode de milliers de chrétiens.
« Par crainte de nouvelles attaques, environ 8 000 personnes ont fui durant la nuit qui a suivi l’incendie de l’église (voir photo ci-dessous ). Il n’y a aucune garantie de la part de l’État. Pour nous, la sécurité va au-delà de l’aspect physique ; cela signifie que nous devrions pouvoir librement nous réunir dans une église », déclare le pasteur Erde Brutu, dont l’église avait déjà été réduite en cendres le 18 août dernier.
10 églises vouées à la destruction
Le 6 octobre 2015, sous la pression des extrémistes islamiques, les autorités avaient annoncé la démolition de 10 églises non enregistrées, sur une période de deux semaines à partir du 19 octobre 2015. Mais dès le 13 octobre 2015, une foule de 700 personnes a manifesté avant d’incendier l’Église Chrétienne Indonésienne (HKI) qui ne figurait pas parmi les églises visées !
« Nous ne cesserons pas de chasser les chrétiens et de brûler les églises. Les chrétiens sont les ennemis d’Allah ! », ont menacé les extrémistes. Depuis le 19 octobre, ce sont les policiers qui ont commencé à détruire les églises à coups de haches et de masses.
Destruction d’une église chrétienne par les force de l’ordre indonésiennes (Dian Majni/AFP)
Un exode dramatique
Craignant pour leur vie, les chrétiens ont fui précipitamment à travers la jungle. « Emprunter la route principale est trop risqué.
Les musulmans surveillent la limite de province, avec l’ordre d’abattre les chrétiens qui la franchissent.
Pour le moment, les familles déplacées ont trouvé refuge dans d’autres églises ou des bâtiments publics, mais elles sont dans l’angoisse et manquent de tout », rapporte un informateur de Portes Ouvertes sur place.
Dans la province d’Aceh, soumise à la loi islamique (charia), un accord entre chrétiens et musulmans datant de 2001 tolérait l’existence d’une seule église et de quatre groupes de maison. Depuis, le nombre d’églises est passé à 24.